La théorie de la mesure

Vous savez ce qu’ont en commun les algorithmes d’intelligence artificielle, les sportifs de haut niveau et les chefs de projet ?

C’est quelque chose de simple, qui les rend pourtant très performant.

C’est aussi une chose qui, mal utilisée, peut privilégier les inégalités sociales, la destruction de ressources environnementales, voir même des guerres mondiales. Rien que ça.

Cette chose c’est la mesure. L’évaluation. Le feedback. 

On en a besoin à tous les niveaux, et aussi pour différentes choses.

L’algorithme d’intelligence artificielle apprend en cherchant à maximiser une fonction d’évaluation.

Un sportif de haut-niveau pratique des centaines d’heures une technique très précise avec son coach qui le conseille pour la maîtriser parfaitement.

Un chef de projet mesure l’avancement d’un projet et de chaque parties pour prendre des décisions.

C’est un concept très simple : si l’on ne mesure pas, on n’a pas d’information, on ne peut donc pas prendre de décision intelligente.

Et bien figurez-vous que la plupart de mes décisions sont plutôt connes si je considère cette définition. 

J’en suis venu à établir ma théorie de la mesure (qui tient plus d’un conseil) :

À chaque fois que tu réalises quelque chose sans être capable de dire où tu en es et où tu vas, tu avances aussi vite qu’un hamster qui tourne dans sa roue.

La théorie de la mesure

On ne mesure pas les bonnes choses

Étant fan de développement personnel, je fais pleins d’expériences. J’utilise régulièrement de nouveaux systèmes, concepts pour devenir meilleur dans ce que je fais. Cela peut aller d’un carnet de note pour ne pas oublier cette idée qui vient me perturber en plein milieu de la cuisson des pâtes, à une application de planification en équipe, en passant par une séance de sport tous les deux jours.

Le problème c’est que sur toutes ces expériences, je passe mon temps à me demander si je fais les choses bien, ou si ce que je fais est vraiment utile

C’est notamment le cas pour mon projet de création d’entreprise en dropshipping, qui est en cours depuis des mois, où j’ai souvent l’impression de courir sur de l’huile. (Essayez vous comprendrez). 

J’ai aussi ce problème à propos de ce que j’apprends, où par exemple je ne sais pas dire si je me suis amélioré sur les 25 dernières heures de guitare.

D’un autre côté, je mesure aussi pleins de choses :

  • Ma montre compte mon nombre de pas, et mon rythme cardiaque
  • Mon téléphone et mon ordinateur comptent mon temps d’écran par jour
  • Je sais que j’ai lu 7 e-mails aujourd’hui
  • J’ai vu deux épisodes de série
  • J’ai bu au moins 1L d’eau…

Mais le fait est que ce n’est souvent pas très utile.

En un sens nous mesurons pleins de choses qui ne nous servent pas, et nous ne mesurons pas toutes les choses plus importantes.

Pour moi il y a deux raisons à cela :

  1. On ne sait pas quoi mesurer
  2. On ne sait pas comment mesurer
  3. Cela demande du temps et de l’énergie

Avant de répondre à ces problèmes, posons-nous la question : est-ce que ça vaut vraiment le coup de se prendre la tête à mesurer nos actions ?

Pourquoi mesurer ses actions

Inutile de tergiverser 100 ans là-dessus, mesurer ses actions permet de :

  • Ne pas se perdre sur des objectifs à long terme
  • Savoir quoi améliorer et apprendre plus vite
  • Gagner en confiance en soi
  • Maintenir sa motivation
  • Communiquer avec les autres

Jusqu’ici nous n’avons parlé que des deux premiers avantages au travers des sportifs de haut-niveau, des chefs de projet et des algorithmes d’IA.

Mais on peut aussi penser à nos présentations en classe et au bureau, qui nous ont permis petit à petit d’être à l’aise avec le fait de parler en public. Si vous voulez en apprendre plus là-dessus, je vous conseille cet article sur la Gamification.

On peut penser aux jeux-vidéos où l’on gagne des points d’expérience et des niveaux. Cette mesure de progression permet de nous motiver à continuer dans le jeu. On peut aussi se lancer des défis, tout seul ou entre copains.

Enfin l’information mesurable permet de communiquer plus simplement. Imaginez la situation suivante : 

  • Bonjour monsieur, vous cherchez une maison ?
  • Oui un endroit pour habiter.
  • Bien et ce serait pour quelle superficie à peu près ?
  • Environ plus que pas assez mais moins que beaucoup trop.
  • Très bien…et quel est votre budget ?
  • Tout ce que je peux dépenser pour une maison.
  • D’accord. Je vois qu’on va aller loin. Et ce serait pour emménager quand ?
  • Entre maintenant et ma mort.
  • (Elle risque d’arriver plus vite que prévu si vous continuer comme ça…)

Cette conversation n’a absolument aucun sens, on est bien d’accord. La mesure est la base de grands projets, vous n’avez qu’à voir le concept d’objectif SMART !

Et concernant votre projet de faire du sport pendant ce confinement vous en êtes où ?

(Je sais, c’est traître, mais vous voyez bien que vous ne mesurez pas tout !)

Comment appliquer la théorie de la mesure intelligemment

Maintenant que vous êtes aussi motivé(e-s) à mesurer qu’un couple rentrant dans Ikea, nous allons pouvoir répondre aux questions les plus essentielles : comment mesurer intelligemment ?

Reprenons pour cela les trois problèmes qui nous empêchent de mesurer correctement :

  1. Nous ne savons pas quoi mesurer
  2. Nous ne savons pas comment mesurer
  3. Cela demande du temps et de l’énergie

Je répondrais très rapidement à ce dernier problème : effectivement mesurer demande du temps et de l’énergie, surtout au début. En réalité on s’améliore en pratiquant, plus vous mesurez quelque chose, plus cela deviendra un automatisme

Mon conseil est le même pour l’aspect temps et énergie : mesurer uniquement les choses qui ont de l’importance à vos yeux, et qui ont un objectif clair et précis.

Cela peut paraître stupide comme conseil, mais si vous saviez le nombre de fois où l’on tourne en rond parce qu’on se focalise sur tout et n’importe quoi !

Non seulement vous ne perdrez pas votre temps à mesurer des choses sans importance, tout le temps investit à mesurer (qui est assez faible avec la pratique) sera largement compensé par votre avancé fulgurante sur cette chose qui vous tient à cœur. Cela résout également le problème de l’énergie car lorsque l’on constate que l’on progresse sur quelque chose qui nous plaît, suivre la progression devient un vrai moteur !

Pour être plus précis, répondons à la question : que dois-je mesurer ?

Pour ma part je me fixe des priorités, les trois choses qui sont les plus importantes pour moi dans les prochains mois, ce mois-ci, cette semaine, aujourd’hui. Je peux donc choisir trois objectifs sur lesquels je veux particulièrement avancer. 

Sur ces trois objectifs je tente de mesurer très régulièrement mes actions. Pour toutes les actions qui ne concernent pas ces trois objectifs, soit je fais des mesures en continu sur des actions qui sont tout le temps pertinentes (sport, temps de travail), soit je ne mesure rien.

Note : Pour en savoir plus sur les activités que je mesure en continu, je vous invite à lire mon article sur le livre So Good They Can’t Ignore You, qui parle de la pratique délibérée.

Je change ensuite régulièrement d’objectifs et donc d’actions à mesurer, plus ou moins toutes les deux semaines.

Comment on mesure dépend alors de ce qu’on cherche à mesurer. Laissez-moi vous donner un exemple.

Ce mois-ci mes priorités sont 1) la création de la plateforme de vente pour mon projet de dropshipping, 2) maîtriser mes cours et mes projets étudiants, 3) garder un équilibre physique et mental pendant le confinement. Ils vont probablement changer dans deux semaines, mais pour le moment ce sont mes 3 points de concentration.

Je mesure l’avancement de mon projet en dropshipping avec plusieurs métriques/indices : le temps que j’y consacre, les tâches réalisées, les compétences développées.

Je mesure mes activités étudiantes avec : un système de prise de note en cours, le temps de travail sur les projets étudiants, le temps de travail sur des révisions, une auto-notation sur les travaux-pratiques.

Enfin je mesure mes actions pour garder un équilibre physique et mental avec : le nombre de personnes avec qui je communique en dehors de ma famille proche, le nombre de séances de sport dans la semaine et leur intensité, le nombre de balades, un indice de stress que je m’auto-assigne.

Pour toutes ces mesures j’utilise différents outils (applications, trackers, notes, mémoire, connaissance de soi…), je vous invite à en essayer par vous-même pour trouver ceux qui vous conviennent.

Vous voyez comment je sélectionne les éléments à mesurer et comment je les mesure ?

Ce n’est pas forcément la meilleur façon de mesurer, mais c’est une façon qui me convient.

Le principal conseil à retenir est que trop est l’ennemi du bien. Sélectionner ce que vous voulez mesurer et tenez vous-y pendant un petit moment. N’hésitez pas à essayer différents outils pour vous aider et en particulier rendre la tâche plus amusante et motivante.

Ah, une dernière chose, j’ai oublié de reparler de cette affaire d’inégalité sociale et de guerre mondiale. Vous voulez savoir comment une mauvaise utilisation d’un système de mesure peut mener à tous ces problèmes ? 

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